Les grands prés
+- Programme Etude de stratégie urbaine, projet d’aménagement, création de 116 maisons individuelles, 6 commerces et 6 bureaux.
- Lieu Montreux 1820, Suisse
- Maîtrise d'ouvrage Europan 10
- Maîtrise d'oeuvre FMAU (mandataire), S. de Dreuille
- Dates 2009
- Surface 25 000 m2 (site)
- Coût 45 000 000 CHF
- Mission Concours
- Responsable projet Frédéric Martinet
- Équipe projet Simon Portelas
Les Grands Prés ne sont pas encore construits, pourtant tout indique que la ville est déjà là.
Dans un rayon d’1km, le site est entouré de plusieurs établissements scolaires, un gymnase, une piscine, un stade, un bureau de poste… Il est desservi par un bus toutes les 30 minutes. La gare de Clarens n’est pas loin, l’autoroute non plus. Les Grands Prés ne dépendent donc pas du centre de Montreux. Ils s’inscrivent autrement. Ils bénéficient de la formidable entreprise d’aménagement qui a fait du territoire Suisse une ville continue. La ville est là, diluée dans le paysage. Plutôt que de la fabriquer il s’agit de la capter.
La maison est en ville, participe à la ville, sans en faire la démonstration. Elle doit protéger le caractère implicite de la ville. Ne rien révéler, ou perdre son charme, voilà la nature du contrat, aussi difficile à accepter qu’à critiquer. Le projet conçoit son appartenance à la ville sans la rendre manifeste, sans la composer. Il s’inscrit comme un simple moment d’intensité dans une réalité suburbaine plus large. Il s’accorde aux désirs que l’on y projette généralement : la nature, des maisons, et un certain attrait pour la distance.
Nous proposons de construire une centaine de maisons sur les Grands Prés et de laisser le sol en partage. En réduisant la distance qui les sépare, nous souhaitons contraindre les maisons à repenser leur isolement. L’autonomie de leur intériorité n’est plus rapportée à l’occupation d’un terrain mais à l’activité de la surface métropolitaine. En se resserrant, le système de desserte se mêle au terrain, aux terrasses ; le recouvrement ambigu du privé, du collectif et du public atteint le seuil d’intensité de l’urbain.
Les maisons sont durables, évolutives, mutables. Elles sont durables et pourtant elles peuvent prendre acte en elles-mêmes de l’instabilité grandissante du noyau familial.
Toutes les maisons reposent sur le même sol. Ce sol n’est pas divisé mais on le perçoit par fragments. Il est fondamentalement collectif. Il appelle une appropriation douce. Intense et diffus, l’espace public est pensé comme un espace d’invention.
De fait, cette grappe de maisons parle de communauté. Mais à l’image de l’espace public qu’elle produit – dont on ne fait jamais l’expérience comme un tout – la communauté est ouverte, poreuse. Elle ne se réunit pas autour d’un centre, ni d’un signe, ni même de la conscience de son autonomie. Elle se réunit pour décider de l’utilisation du sol mis en commun, peut être aussi pour mettre au point une planification intelligente de la gestion de l’eau, de l’énergie, de services comme le wifi, ou même une cantine pour ceux qui travaillent là. Elle peut se réunir en amont du projet.
- Programme Urban strategy study, development project, creation of 116 individual houses, 6 shops, and 6 offices.
- Location Montreux 1820, Suisse
- Client Europan 10
- Team FMAU (main architect), S. de Dreuille
- Size 25 000 m² (site)
- Cost 45 000 000 CHF
- Mission Urban and architectural competition
- Project manager Frédéric Martinet
- Project team Simon Portelas
The Grands Prés are not yet built, yet all indicates towards the city already being there.
Within a radius of 1 km, the site is surrounded by several schools, a gymnasium, a swimming pool, a stadium, a post office… It is served by a bus every 30 minutes. The Clarens train station is not far away, and neither is the highway. The Grands Prés, therefore, do not depend on the center of Montreux. They are integrated differently. They benefit from the formidable development effort that has turned the Swiss territory into a continuous city. The city is there, diluted in the landscape. Rather than manufacturing it, the goal is to capture it.
The house is in the city, participates in the city, without demonstrating it. It must protect the implicit character of the city. To reveal nothing, or lose its charm, that is the nature of the contract, as difficult to accept as to criticize. The project conceives its belonging to the city without making it explicit, without composing it. It fits in as a simple moment of intensity in a larger suburban reality. It aligns with the desires typically projected onto it: nature, houses, and a certain attraction to distance.
We propose to build around a hundred houses on the Grands Prés and leave the ground in shared use. By reducing the distance between them, we aim to compel the houses to rethink their isolation. The autonomy of their interiority is no longer related to the occupation of a plot but to the activity of the metropolitan surface. By tightening, the service system merges with the terrain, with the terraces; the ambiguous overlap of private, collective, and public reaches the threshold of urban intensity.
The houses are sustainable, evolving, mutable. They are durable and yet they can acknowledge within themselves the growing instability of the family nucleus. All houses rest on the same ground. This ground is not divided but perceived in fragments. It is fundamentally collective. It calls for a gentle appropriation. Intense and diffuse, public space is conceived as a space of invention.
Indeed, this cluster of houses speaks of community. But like the public space it produces – which is never experienced as a whole – the community is open, porous. It does not gather around a center, a sign, or even the awareness of its autonomy. It gathers to decide on the use of the shared land, perhaps also to develop intelligent planning for the management of water, energy, services like wifi, or even a cafeteria for those who work there. It can come together upstream of the project.